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Les Éperviers du Togo ont tourné le dos au Mondial 2014. |
Puis l’on se souvient que le match suivant devra être
joué à Tripoli. Tripoli, capitale d’un pays en période presqu'infinie de turbulence.
Zone entre-temps interdite au football. Tripoli où la sécurité et l’insécurité alternent. Alors s’installent l’inquiétude et l’angoisse au pays des
Gnassingbé…
Deux titulaires de la brillante victoire sur le Cameroun, Romao Alaixis et
Jonathan Ayité font leurs valises et s’en vont. Le voyage de Libye n'est pas inscrit dans leur programme. La réclamation et les mouvements déclenchés pour
se voir payer les primes de victoire face à la Guinée-Equatoriale ne sont pas leur affaire. Hantés par les fantômes de Cabinda, les bruits et crépitements lugubres des mitrailleuses des rebelles
angolais, ils expriment clairement leur position par rapport à leur déplacement en
terre libyenne.
Ainsi donc, handicapés par deux grosses absences, découragés par les
comportements des autorités politiques et sportives du pays réticentes au
paiement des primes de victoire du match de Malabo, en baisse de forme physique pour cause de boycott des entraînements provoqué afin de se faire entendre, les Éperviers
se voient perturbés aussi mentalement par une certaine presse…Une presse
togolaise alarmiste au point de prédire l’enfer pour nos ambassadeurs. Elle
s’amuse, cette presse, à rappeler aux joueurs les fâcheux souvenirs du crash de
Lungi, en juin 2007, dans lequel une quinzaine de compatriotes dont le ministre
des Sports Atipoé Richard ont péri. C’était suite à un triomphe dans les Éliminatoires de la CAN 2008 face à la Sierra-Leone…
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Kodjovi Obilale, victime du drame de Cabinda. |
Très vite, trop vite, d’abord en début de match, on s’est aperçu que le vide
laissé par le milieu marseillais Romao Alaixis, n’est pas comblé.
Ensuite, on a senti que les Éperviers ont peur. Surtout avec ces sifflets, ces
pétards allumés qui tonnent et détonnent à volonté. Une grande peur les habite,
celle avec laquelle ils ont voyagé. Ils n’ont pu s’en débarrasser à l’heure de fouler la
pelouse du stade de Tripoli. Le temps de se rendre compte qu’ils n’étaient que
sur une aire de jeu et non sur un champ de guerre, ils avaient deux buts à
remonter. Un premier but concédé sur penalty commis par Améwou Komlan, et un second
marqué contre son camp par le même Épervier, le tout en moins de vingt minutes. Le match était plié. Les Chevaliers de la Méditerranée, n’en demandent pas mieux. Deux buts offerts
en échange, on dirait, d’une sécurité absente de la tête de nos acteurs. Deux buts
offerts aux Libyens pour mendier la survie et rentrer intacts au pays…
Chaque fois qu'il nous sera donné de raconter l’histoire de ce match, c’est ce que
nous relèverons. Nous n’oublierons pas d’insister sur le fait que c’est la presse togolaise qui a suscité la peur chez nos ambassadeurs. Nous dénoncerons aussi le le manque habituel de volonté de l’Etat togolais à financer son sport. Et enfin nous dirons que, psychologiquement,
les Éperviers étaient trop faibles pour réaliser un miracle. Un miracle peu
attendu d’ailleurs et qui logiquement ne s’est pas produit.
Adieu donc le mondial 2014 et bonjour au championnat national
du football de Première Division! On se console comme on peut.
Carte écrite par Yves de Fréau
Carte écrite par Yves de Fréau
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