17 juin 2013

ADIEU, MONDIAL 2014 !!!

Les Éperviers du Togo ont tourné le dos au Mondial 2014.
Au début, c'était l’optimisme. Confortés par deux victoires en cinq jours, la première en amical face à la Guinée-Equatoriale à Malabo (1-0) et la seconde aux détriments des Lions Indomptables du Cameroun à Kégué lors de la 4e journée des Éliminatoires de la Coupe du Monde (2-0), les Éperviers du Togo y croyaient. Ils y croyaient fort.

Puis l’on se souvient que le match suivant devra être joué à Tripoli. Tripoli, capitale d’un pays en période presqu'infinie de turbulence. Zone entre-temps interdite au football. Tripoli où la sécurité et l’insécurité alternent. Alors s’installent l’inquiétude et l’angoisse au pays des Gnassingbé…

Deux titulaires de la brillante victoire sur le Cameroun, Romao Alaixis et Jonathan Ayité font leurs valises et s’en vont. Le voyage de Libye n'est pas inscrit dans leur programme. La réclamation et les mouvements déclenchés pour se voir payer les primes de victoire face à la Guinée-Equatoriale ne sont pas leur affaire. Hantés par les fantômes de Cabinda, les bruits et crépitements lugubres des mitrailleuses des rebelles angolais, ils expriment clairement leur position par rapport à leur déplacement en terre libyenne.

Ainsi donc, handicapés par deux grosses absences, découragés par les comportements des autorités politiques et sportives du pays réticentes au paiement des primes de victoire du match de Malabo, en baisse de forme physique pour cause de boycott des entraînements provoqué afin de se faire entendre, les Éperviers se voient perturbés aussi mentalement par une certaine presse…Une presse togolaise alarmiste au point de prédire l’enfer pour nos ambassadeurs. Elle s’amuse, cette presse, à rappeler aux joueurs les fâcheux souvenirs du crash de Lungi, en juin 2007, dans lequel une quinzaine de compatriotes dont le ministre des Sports Atipoé Richard ont péri. C’était suite à un triomphe dans les Éliminatoires de la CAN 2008 face à la Sierra-Leone…

Kodjovi Obilale, victime du drame de Cabinda.
La presse togolaise, toujours elle, suggérait que le drame de l'enclave de Cabinda en Angola en janvier 2010 où le bus de la délégation togolaise a subi une attaque faisant deux morts (l’entraineur adjoint Amélété Abalo et le journaliste Ocloo Stan) et un invalide à vie, (le gardien de but Dodo Obilalé), pouvait se reproduire à Tripoli. Tout était fait pour semer la peur dans la tête et dans les…pieds des Éperviers. Joli travail d’une presse chiante des fois, une presse pour laquelle tout est sombre, tout est noir en Libye. Elle invitait au boycott du match. Tout simplement. Mais le Togo devait le jouer ce match ! Les autorités libyennes avaient promis à la FIFA de tout faire pour assurer la sécurité de leurs hôtes…

Très vite, trop vite, d’abord en début de match, on s’est aperçu que le vide laissé par le milieu marseillais Romao Alaixis, n’est pas comblé. Ensuite, on a senti que les Éperviers ont peur. Surtout avec ces sifflets, ces pétards allumés qui tonnent et détonnent à volonté. Une grande peur les habite, celle avec laquelle ils ont voyagé. Ils n’ont pu s’en débarrasser à l’heure de fouler la pelouse du stade de Tripoli. Le temps de se rendre compte qu’ils n’étaient que sur une aire de jeu et non sur un champ de guerre, ils avaient deux buts à remonter. Un premier but concédé sur penalty commis par Améwou Komlan, et un second marqué contre son camp par le même Épervier, le tout en moins de vingt minutes. Le match était plié. Les Chevaliers de la Méditerranée, n’en demandent pas mieux. Deux buts offerts en échange, on dirait, d’une sécurité absente de la tête de nos acteurs. Deux buts offerts aux Libyens pour mendier la survie et rentrer intacts au pays…

Chaque fois qu'il nous sera donné de raconter l’histoire de ce match, c’est ce que nous relèverons. Nous n’oublierons pas d’insister sur le fait que c’est la presse togolaise qui a suscité la peur chez nos ambassadeurs. Nous dénoncerons aussi le le manque habituel de volonté de l’Etat togolais à financer son sport. Et enfin nous dirons que, psychologiquement, les Éperviers étaient trop faibles pour  réaliser un miracle. Un miracle peu attendu d’ailleurs et qui logiquement ne s’est pas produit. 

Adieu donc le mondial 2014 et bonjour au championnat national du football de Première Division! On se console comme on peut. 

Carte écrite par Yves de Fréau

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